L’intervention du Directeur Général du Fonds de Solidarité Africain (FSA), Monsieur Ahmadou Abdoulaye DIALLO à la table ronde présidentielle, lors du 2ième sommet de DAKAR (DFS2) sur les infrastructures, dénommé « Dakar Financing Summit for infrastructure 2023 », a été faite en présence de :
- Son Excellence M. Macky SALL, Président de la République, Chef de l’Etat du Sénégal, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union Africaine ;
- Son Excellence M. Paul Kagame, Président de la République, Chef de l’Etat du Rwanda, Président en exercice du Comité d’orientation du NEPAD, et
- des Délégations de haut niveau conduites par des Premiers Ministres.
Nous vous présentons ci-après le contenu de cette intervention.
- Votre Excellence Monsieur Macky SALL, Président de la République, Chef de l’Etat du Sénégal, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de l’Union Africaine,
- Votre Excellence Monsieur Paul KAGAME, Président de la République, Chef de l’Etat du Rwanda,
- Votre Excellence Monsieur Raila ODINGA, Haut Représentant de l’Union Africaine pour les Infrastructures,
- Votre Excellence Monsieur Mostafa MADBOULY, Premier Ministre de la République Arabe d’Égypte,
- Monsieur le Président du Groupe de la Banque Mondiale,
- Madame la Secrétaire Exécutive de l’AUDA-NEPAD,
- Chers collègues Responsables d’institutions financières panafricaines ici présents,
- Mesdames et Messieurs,
Je voudrais, avant de répondre à la question que m’est posée, exprimer mes remerciements pour l’honneur qui m’est donné de parler devant des éminentes personnalités autour de cette table et dans l’auditoire, relativement à la nécessité et aux conditions nécessaires pour doter l’Afrique d’un réseau d’infrastructures indispensables à son développement.
- Excellences,
- Mesdames et Messieurs,
L’état des infrastructures en Afrique est bien connu, tout comme l’est le lien étroit entre le niveau de développement des infrastructures d’une part et celui de l’intégration économique des pays africains d’autre part. La nécessité, voire l’urgence d’en construire ne fait plus débat. A mon humble avis, les seules questions qui vaillent aujourd’hui sont :
- Comment devons-nous faire pour réaliser les infrastructures requises, lesquelles infrastructures sont en grande majorité déjà connues, conçues et bien présentées sous la coordination de l’AUDA-NEPAD et de la Commission de l’Union Africaine ?
- Qui doit faire quoi parmi les différents acteurs que nous sommes et quand devons-nous le faire ?
Je m’attellerai à répondre à ces questions très brièvement. A ce titre, permettez-moi de rappeler que l’Institution que je dirige, le Fonds de Solidarité Africain, a fortement accru ses interventions ces dernières années, celles de catalyser les financements nécessaires à la réalisation des investissements structurants dans ses Etats membres et d’accompagner les PME/PMI. Concernant spécifiquement la réalisation des infrastructures, le FSA s’est engagé à déployer ses principaux produits,
notamment la garantie financière qui est une garantie souveraine multilatérale et l’arrangement de financement pour catalyser la mobilisation des ressources financières tant domestiques que celles extérieures à l’Afrique pour financer les investissements dans les infrastructures prioritaires déclinés dans le Programme de Développement des Infrastructures en Afrique (PIDA).
Au regard de l’immense étendue de l’Afrique qui est de plus de 30 millions de Km2, l’on peut avoir le sentiment d’un sous-équipement de notre Continent. Et pourtant, bien d’efforts sont accomplis, notamment par les Etats qui ont réalisé à ce jour 37% des infrastructures sur des ressources budgétaires.
Cet effort des Etats est à consolider les années à venir, notamment dans la réalisation des infrastructures non directement productives ; à savoir l’éducation de base, la formation professionnelle, la recherche scientifique, les innovations technologiques, l’économie de la propriété intellectuelle et la santé.
Quant aux infrastructures directement productives, elles devront mobiliser toutes les institutions financières africaines, aujourd’hui plus qu’hier, à l’effet de la transformation structurelle de nos économies. Ce qui engage les Banques de Développement, les Banques Commerciales, les Institutions de garantie, les Compagnies d’assurance, les Instituts de prévoyance sociale, les Fonds de pension, les Fonds souverains et tous autres investisseurs institutionnels à davantage imaginer des véhicules financiers adaptés aux besoins de financement des infrastructures. Il est raisonnable d’explorer les possibilités d’adosser les financements sur les actifs, y compris les ressources minières (asset backed facilities). Mais quel que soit l’engament des partenaires financiers, il faudrait un porteur de ces projets d’infrastructures pour mener les études détaillées d’exécution et assurer les diligences concourant aux schémas de financement, à la prise en charge adéquate des conditions préalables aux décaissements et à la mise en place des unités d’exécution technique et financière des projets.
Ce porteur de projet pourrait être un mécanisme ou une agence africaine de très haut niveau pluridisciplinaire, à constituer, sans exclusive, par le FSA, la BAD et
AFRIXIMBANK avec trois (3) groupes privés Egyptien, Sud-africain et Nigérian sous l’égide de l’Union Africaine (UA).
- Excellences ;
- Mesdames et Messieurs ;
Les statistiques révèlent que le secteur privé ne contribue qu’à hauteur de 12% dans le financement des infrastructures en Afrique. Ce chiffre est incontestablement faible, surtout qu’il est concentré sur les secteurs de l’Energie et des Télécommunications. D’où l’urgente nécessité de créer les conditions d’incitation du secteur privé, notamment africain, à plus d’engagements.
Au titre de ces mesures incitatives, je voudrais mettre en discussion trois sujets éminemment politiques bien que d’apparence technique :
Premièrement : Les contrats dans le cadre des PPP devraient être libellés dans les monnaies nationales africaines. Ce qui renforcera la position extérieure desdites monnaies, leurs convertibilités internationales et rassurera le secteur privé africain.
Deuxièmement : La transformation structurelle des économies africaines ne peut s’envisager qu’à partir d’une inversion de notre commerce extérieur. Autrement dit, l’Afrique devra être progressivement un réservoir de produits finis ou semi-finis au lieu d’être perpétuellement un réservoir de matières premières.
Troisièmement : Le développement des marchés de capitaux en Afrique est indispensable à la diversification des sources de financement. Il y va de l’approfondissement des marchés obligataires et des marchés des actions à travers les Bourses.
Ces réflexions devraient à terme impacter nos dispositifs législatifs et règlementaires, y compris les différents codes. Il s’en suivra un élargissement de la base productive et de services (financiers et non financiers), un accroissement du commerce interafricain qui n’est que de 14% actuellement et un accroissement de la part de l’Afrique dans le commerce mondial qui n’est aujourd’hui que de 3%.
- Excellences ;
- Mesdames et Messieurs ;
J’aimerais terminer mon propos en reconnaissant, pour m’en féliciter, tous les efforts déployés par les Etats africains dans l’amélioration du climat des affaires et dans la mise en œuvre de biens de reformes sectorielles. Toutefois, il est à noter qu’à présent, le secteur privé africain ne parvient pas à la hauteur des espoirs placés en lui en dépit de tout ce qui a été fait à cet effet. Espérons qu’à la faveur de la réalisation des infrastructures prioritaires africaines, le secteur privé africain se déploiera à hauteur de ce souhait.
Je vous remercie.
Actualités | Publié le 03-02-2023